La neige me rend hystérique.
Hier quelqu'un m'a dit "Ce qui est bien avec toi, c'est que n'importe quoi t'émoustille". Oui, ça m'émoustille de prendre des buissons enneigés en photo.
Et oui, je trouve ça drôle d'entendre la neige crisser et craquer sous mes pieds.
Ca faisait huit ans qu'il n'avait pas autant neigé sur Paris, et encore, la dernière fois, il n'avait neigé que deux jours.
Cette année, pas de gamelle dans la neige (pas encore), et pas non plus de glissade sur le cul en allant au collège. Ca va pas tarder. Il faut savoir que la tradition veut que je me latte le cul au moins une fois à terre.
Voyons les choses du bon côté, avec un peu de chance, je vais me casser quelque chose et je vais pouvoir hiberner pendant quelques
mois jours.
- Levez vous la tête profondément enfoncée dans le fion.
- Regardez vous dans la glace, et ayez l'impression d'y voir
quelqu'un d'autre, parce que ne sont pas des malles que vous avez sous les yeux, oh non, ce sont des chambres fortes.
- Bloquez votre porte de manière à ce qu'elle ne puisse être ni verrouillée, ni ouverte, et apercevez vous en APRES l'avoir claquée, bien entendu.
- Allez faire l'abrutie les pieds dans 15cm de neige, il n'est pas encore 7h du matin, et vous le valez bien.
- Décidez finalement d'aller au boulot, et d'appeler un serrurier plus tard. Trop tard, vous avez déjà les pieds mouillés.
- Constatez que s'il arrive aux RER de bénéficier de chauffage, ce matin là, le crétin omnipotent qui joue avec ce monde a pris votre compartiment pour un congélateur.
- Somnolez à votre poste. Réalisez avec effroi que votre doigt est coincé sur la touche F5 depuis près d'une demi-heure, et que vous venez juste d'en prendre conscience.
- Etirez vous et coincez vous le dos.
- Demandez toutes les cinq minutes si la clim' est déréglée. Il va de soi que tout le monde vous répondra que non.
- Le mal de dos, les courbatures, le nez pris, un début de mal de gorge et surtout un mal fou à rester éveillé aidant, allez demander pitoyablement un bon de sortie pour aller faire dodo devant votre porte qui ne s'ouvre pas.
Votre journée de merde devrait être fonctionnelle.
Note pour moi même : ON NE MET PAS LES PIEDS DANS LA NEIGE A DES HEURES INDECENTES QUICHONNE.
Et au cas où votre journée ne serait pas déjà assez effroyable, et que vous avez encore foi en l'espèce humaine,
ça ne va pas durer.
En sortant de mon bain (il y a à peine cinq minutes, c'est beau l'interactivité), au son de Oüi FM (on est trendy ou on l'est pas), à la vue de la touffe ébouriffée qui me faisait office de tignasse, je me suis dit que ce ne serait pas pire.
Alors je me suis mise à headbanger toute seule. Oui, comme ça. Sur le coup, je n'ai même pas identifié le morceau sur lequel je me défoulais. En plus je chantais.
Et puis je me suis mise à sauter sur place toute seule, en me montrant à moi-même dans le miroir, en faisant des mimiques toutes aussi j'ai-la-rock-attitude-et-un-pack-de-kro-sur-la-gueule-baby les unes que les autres.
Alors j'ai commencé à m'exciter, à faire des tours sur moi-même, à chanter avec mes voisins invisibles, à leur lancer des regards complices, de ces regards qu'on ne lance qu'à son voisin inconnu pendant un concert, à sautiller de plus belle, en levant les bras, et surtout en braillant (mais sans son, tout est dans l'expression), au fur et à mesure que l'ambiance se faisait électrique dans la salle.
Vers la fin du morceau, les gens autour de moi s'essoufflent, mais je n'ai pas envie de m'arrêter, je saute de plus belle mais je suis toute seule, alors je me retourne, je les regarde en face et je continue de m'agiter, jusqu'à ce qu'ils reprennent mon mouvement, l'amplifiant, jusqu'au dernier riff de guitare.
Et puis après, ils ont mis Superbus.
Ca faisait longtemps, que je n'avais pas fait ça. Ca veut sans doute dire que je régresse. Ca veut peut-être aussi dire que les dix ans que j'ai pris en deux ans sont en train de s'envoler, comme si j'étais arrivée à un stade où ils n'étaient plus nécessaires.
Bordel, c'est pas trop tôt.
