Quand les gens téléphonent pour dire "J'ai un problème avec mon Mac", j'ai comme une pulsion. Là, je suis obligée de couper le micro de mon casque quelques secondes pour fermer les yeux, et m'empêcher à tout prix de lui répondre : "Achetez un pc monsieur". Les autres, me voyant en pause-méditation, devinent à la seconde que j'ai un adepte de la pomme grany au bout du fil.
Parait-il qu'en tant qu'*infographiste*, je devrais être une fervente utilisatrice de cet OS au look qui tue. Je dis -M-. Comme merde.

Justement, dans le métro, écrasée entre la porte et une femme plutôt encombrante, voilà que mon regard se pose sur un type qui sort son Ibook et commence à s'en servir. J'ai envie de dire, son Ibook, j'avais pas la ferme impression qu'il risquait de se le faire tirer (au téléphone Aurélien m'a dit "Rémy s'est fait tirer sa copine", j'ai eu envie de dire "dans quel sens ?", je l'ai pas fait du coup j'ai tjs pas la réponse, si vous savez n'hésitez pas à m'écrire.). Et alors que j'observais ce petit homme tapant sur le clavier de son joli portable rose, une voix m'interromps.
"Quel est ton prénom ?"
Je lève les yeux, un jeune homme me regarde avec un air lubrique.
"Je peux te donner le mien", ajoute t'il. "Ca ira merci".
Le petit homme au portable acidulé était mort de rire.

Les mains .. il en a coincé une dans l'imprimante en changeant le papier. Je lui ai sauvé la vie. Si je n'avais pas ôté l'écharpe qui partait aussi à l'intérieur, les mains n'auraient plus de tête.

Hop, j'ai eu mon badge. Eh ouais, on a des badges et tout. Que quand on se présente à la porte, on fait comme les types de la C.I.A., avec un air dégagé on la dégaine et là hey ! Figurez vous que la porte vitrée, ben là elle s'ouvre. Une de ces cartes avec une bande magnétique, même pas besoin de la rentrer dedans une machine du genre qui fait le même bruit qu'une moissonneuse-batteuse. Nous, on a les même détecteurs qu'à Auchan où les dames elles passent les codes barres et qui font *tût*. C'est ça de bosser dans un quartier chic.
L'autre avantage, c'est la pensée seule qu'avec un peu de chance on pourrait croiser Raffarin à deux rues d'ici, pas loin de l'Assemblée Nationale, et puis sans faire exprès, le pousser dans le caniveau. Qu'il la voit de près, la France d'en bas.

La phrase du jour :

Seb, c'est bien.

Comprenne qui pourra ..

Conseillère 432 au rapport. Prise d'appels assez stressante ("hey, t'énerve pas il est gentil celui-là , en plus il est lent"), mais dans l'ensemble assez positive. De plus tout le monde se rappelle de mon prénom, c'est fabuleux. Non pas que j'apprécie exponentiellement le fait de me faire remarquer, mais au moins les supérieurs ("Nivodeu" pour les intimes) m'accueillent avec le sourire quand je viens solliciter une aide. Je pourrais dire "J'avoue, parfois c'est assez avantageux d'être une fille.". Mais pas du tout.
Pour la première fois de ma vie je dis : merci papa. ("papa" ?.. eurk) Figurez vous que ce ton d'amabilité et de jovialité naturelle que je me traîne depuis maintenant 19 ans, je l'ai hérité de mon bien-aimé géniteur.
Ce qui me vaut généralement d'être remarquée par (notamment) mes supérieurs hiérarchiques tels que profs, supérieurs directs, ou encore collègues doués. Le problème pour la suite c'est que si j'ai pas le sourire tout le monde me demande si je vais bien ou non, autrement dit cela se produit tous les matins.

Pourquoi je ne regrette pas les études ? Parce qu'en fac le prof s'en contre carre du sourire de ses élèves à l'aube.

[Mode Vraie-Fille ON]
Et puis à la fac de Marne La Vallée, je suis sûre qu'il n'y en a pas, des mains aussi belles.
[Mode Vraie-Fille OFF]

Le premier jour de travail s'est bien déroulé. Peut-être en partie parce que je n'ai pas encore pris d'appel ..
En tout cas les trois cent collègues de travail rencontrés ont l'air plutôt pas désagréables. Quatre personnes qui se lèvent en plein travail pour vous trouver une chaise, je pense que c'est un critère suffisamment convaincant pour décréter cet entourage bienveillant.

En pleine double écoute, je jette un regard de côté. Un téléconseiller bosse, la tête enfouie dans un bras, manifestement pas réveillé. Quand il se relève, je vois des mains. Des mains fines, blanches, à demi dissimulées par les manches d'un large sweat bleu marine. Il porte une bague en argent à chacun de ses annulaires, et des dizaines de minutes durant je n'ai pu détacher mon regard de celles-ci.
Ses gestes délicats, presque féminins m'ont ravie. Parmi tous ces ongles rongés (est ce que c'est une constante chez les informaticiens ?), il y a ces mains. Qui tapent rapidement sur le clavier, tapotent nerveusement sur la table. Littéralement hypnotisée que j'étais, j'ai sursauté quand il a gueulé "CHIOTTE DE MERDE" (notez avec quelle fidélité je retranscris ses paroles). Avec un sourire il s'excuse, me montrant du doigt son écran qui a sauté. Je l'observe un instant (après qu'il se soit relevé d'une position fort avantageuse afin de vérifier l'état des branchements sous la table, pour qui me prenez vous), et je consolide une théorie fumeuse développée par moi-même : les belles mains, ça va avec les beaux garçons.

J'oubliais : Un hotliner assis en face de moi m'a offert une fleur en papier : mode rouge-coquelicot ON.